lundi 25 juin 2007

Le vrai CV de Mounina, ambassadrice de la Mauritanie à Genève



Pour piloter l’une des plus prestigieuses ambassades mauritaniennes, le Président de la République a choisi une femme qui a gravi tous les échelons de la diplomatie, reconnue par ses pairs comme une négociatrice hors pair, Mounina (dite Lemeima) Mint Abdallah.

Diplômée de l’institut des hautes études diplomatiques de Nouakchott, elle a attiré l’attention depuis qu’elle a mené, avec brio, les négociations qui ont débouché sur le réchauffement de nos relations avec le Koweït, suite à la guerre du golf.

Ça c’est la version qu’il va falloir servir aux autorités helvétiques, afin qu’elles acceptent cette nomination, il ne faut pas perdre la face devant les étrangers (El Baraniyine). Mais les mauritaniens connaissent la vérité, nous n’allons pas la dire aux étrangers mais, quand nous sommes entre nous, on peut se là dire : En réalité le CV de la nouvelle ambassadrice de Mauritanie à Genève se résume en deux lignes : « Mohamed Ould Abdallah » et « NUTRICOM ».

Voici le vrai parcours de cette nouvelle star de la diplomatie : grâce à ses rapports privilégiés avec les professeurs de la faculté de droit et d’économie, Mounina réussi à décrocher une maîtrise en économie de l’université de Nouakchott, ensuite elle devient professeur de collège en physique (cherchez l’intrus : rapport, physique … ça commence bien). Elle demeure au collège jusqu’à la création par Ould Taya, en 1993, du ministère de la condition féminine. Ayant côtoyé les Nasséristes arabes à la fac, qui la considère comme une des leurs, Mounina réussi à se faire coopter parmi les dizaines de femmes professeurs qui ont formé le premier noyau de ce ministère.

L’arrivée de Zein Ould Zeidane à la mission de la Banque Mondiale à Nouakchott lui permet de réorienter sa carrière, Mohamed Ould Abdallah, le père de Mounina, est l’oncle maternel de Zein. Avec l’aide de Zein elle a réussi à se faire détacher auprès de la mission de la BM (SECF), où son cousin Zein œuvre pour là propulser à la tête d’un projet destiné à distribuer des vivres à toutes les communautés du pays, dans le but de juguler la famine qui se profile à l’horizon, le projet s’appelle Nutrition Communautaire : NUTRICOM. Il est géré par le ministère et financé entièrement par la BM à hauteur de 5.000.000 USD.

Pour pouvoir profiter de tous ces millions de dollars, Mounina multiplie les séminaires de formation, les rencontres de sensibilisation et les ateliers de toute sorte, facturés à prix d’or. Les fausses vraies factures sont réalisées grâce à l’aide de son cousin Zein, un orfèvre en la matière, il met à son service son savoir-faire et Mounina a pu mettre de côté une fortune considérable, en un temps record. Toute personne qui se balade du coté du palais qu’elle s’est fait construire à Tevragh-Zeina (du coté de SIG de Ehel Abdallahi - MOA) pourra témoigner que ce n’est pas grâce à son salaire de prof de collège ; à titre d’exemple, l’une de ses maisons est estimée à 140.000.000 UM, mais elle n’y habite pas, prévoyante, elle loue une maison très modeste, dans le quartier populaire de Carrefour, d’ailleurs en général elle n’est pas tape à l’œil, au contraire elle promène tout le temps une apparence de Cosette à la limite de la clochardisation, alors qu’elle passe ses vacances à Paris et se soigne à Monaco.

Rien n’est plus facile que de construire une maison quand on est chef de projet en Mauritanie : tu vas chez le fournisseur, tu choisis le matériel, dans la case « exécution des travaux » tu mets la mention « destinataire prioritaire » et tu ajoutes, au hasard, école de Dar Naïm, dispensaire de Bir Oum Graïn ou tartempion, tu passes commande, tu signes et tu envoies le tout à la comptabilité. Le comptable prélève ses 15%, paye le fournisseur et t’envoie le matériel dans ton chantier de Tevragh-Zeina, ni vu ni connu, tout le monde est content.

Enfin, tout le monde, sauf les personnes qui attendent la nourriture que le projet est censé leurs dispenser, mais elles, tout le monde s’en fout, en plus, elles ont dû mourir de faim depuis le temps qu’elles attendent.

Un audit interne de la Banque Mondiale a mis à jour ce système de fausses vraies factures, Mounina a été audité puis épinglé dans un rapport interne. Suite à ce contrôle, la BM l’a renvoyée et elle est revenue à son poste au ministère de la condition féminine où son surnom est "serpent" lehneche, mais en octobre 2006, Nebghouha Mint Tlamid reçoit un courrier de la BM lui demandant le limogeage de Mounina. Mint Tlamid fini par céder sous la pression des bailleurs de fond et renvois Mounina au ministère de l’éducation nationale.

Contrairement à ce qui a été mentionné dans les dépêches qui parlent de cette nomination, Mounina n’est plus cadre du ministère de la condition féminine, mais quand on est cousine du premier ministre, on peut facilement obtenir des coup de retouche à son CV. Mounina a aussi un autre problème, elle a un cœur artificiel, elle effectue plusieurs visites annuelles à Monaco ou elle est suivie par un professeur en cardiologie, sa nomination a aussi une raison médicale.

En avril 2007, Mounina reçoit une injonction du Contrôle de l’Etat lui demandant le remboursement de 270.000.000 UM, elle avait dépensé cette somme au sein de NUTRICOM sans la moindre justification. Faute de remboursement, l’IGE menace de renvoyer le dossier devant la justice, pour un procès et peut être même la prison. Mounina prend la lettre et l’amène à Zein, lui demandant de lui trouver un poste qui lui permet de se soigner et qui l’a met à l’abri des poursuites judiciaires, elle met en avant les efforts qu’elle a déployés dans l’équipe de campagne du candidat Zein à Tidjikja. Zein, qui avait reçu, entre les deux tours, l’assurance d’avoir le poste de Premier ministre, lui demande de faire traîner le dossier grâce aux avocats, en attendant sa nomination comme Premier ministre.

Après ce brillant parcours jalonné de succès diplomatiques, Mounina vient d’être nommée ambassadrice de la République Islamique de Mauritanie auprès du système des Nations Unis, poste basé à Genève. Ce poste est resté vacant depuis la nomination de son ancien occupant, l’actuel ministre des affaires étrangères. Vu que Sidi Ould Cheikh Abdallahi retrouve les réflexes de Ould Taya et d’Ely, en suivant à la lettre leurs critères de nominations, il n’est pas impossible de voir Mounina siéger au conseil des ministres dans les mois ou les années à venir, mais en attendant, sa principale préoccupation sera surtout les balades au bord du lac Leman, le shopping pour approvisionner sa boutique du Marché de la Capitale à Nouakchott et les indispensables visites chez le cardiologue monégasque.

Je suis d’accord qu’il est facile de critiquer (Elli cheger chi idir chi v’ bellou), je vais donc cesser d’être négatif et faire quelques propositions : Zein aurait dû conseiller à sa cousine de demander à l’IGE un remboursement échelonné, car le but n’est pas non plus qu’elle se retrouve à la rue sans emploi. Comme elle est malade, les avocats auraient pu invoquer la raison médicale pour empêcher le juge de l’envoyer en prison, si tant est que le juge le veuille. Et Zein aurait pu l’aider à trouver un médecin moins onéreux que celui du Rocher de la principauté de Monaco.

Mais enfin, pourquoi faire compliquer si on peut faire simple ? Zein demande à Sidi de lui donner ce poste vacant, signez là Monsieur le président, voilà c’est fini, circulez, il n’y a plus rien à voir. Immunité diplomatique, luxe et soin au frais de la princesse. En attendant, le citoyen ordinaire n’a qu’à aller du côté du Ksar voir s’il peut y trouver une citerne d’eau à prix de pétrole.

Reste à parier que la BM et l’ONU n’ont pas de rapports directs et que les informations ne circulent pas entre elles, espérons aussi que les gens de l’ONU ne connaissent personne qui bosse pour la BM et vice versa, autrement l’ONU va être mise au courant des pratiques peu orthodoxes de son excellence Mounina, ce qui risque de mettre à mal l’image déjà peu reluisante de notre pays. Car au sein de l’ONU, depuis le scandale du détournement du programme « pétrole contre nourriture », les hauts cadres de l’ONU pardonnent tout, sauf détourner les fonds destinés à nourrir des gosses. Du coup ça risque de grincer légèrement des dents côté onusien, peut être même qu’ils prendront cette nomination pour une blague de mauvais goût ou un pied de nez diplomatique, allez savoir, ils sont devenus tellement susceptibles depuis l’arrivée de Banqui ou Ban-Ki, enfin le Coréen quoi.

Mais nous n’allons pas permettre aux étrangers de se moquer de nous, nous avons préparé un bon CV, en bonne et dû forme, il est disponible à l’adresse :

http://209.85.129.104/search?q=cache:0RCr8T2cpvEJ:www.genreenaction.net/IMG/rtf/mintabdellah.rtf+Nutricom+Mounina&hl=fr&ct=clnk&cd=3

Par manque de temps on a « oublié » quelques petits détails, par exemple dans les diplômes on met « cours en informatique 1986-1990 » alors que, vu que Madame a étudié l’informatique durant quatre longues années, il aurait été beaucoup plus logique de mettre « maîtrise en informatique » tout simplement !

Ou encore cette inscription en DEA à Saint-Louis qui s’est glissée là par inadvertance, en fait ou bien le diplôme a été décroché et dans ce cas il faut dire « DEA en sociologie » ou alors il ne l’a pas été auquel cas il n’y pas de quoi fanfaronner !

S’ensuit un tour du monde, et ensuite la case « langue » dans laquelle on découvre avec soulagement que la future ambassadrice est un mélange de Voltaire et de Sybéwéihy, et que le clone en question parle un peu anglais ! Que demande le peuple !

Pour continuer à être le positif je vais aussi saluer la décision de fermer quelques ambassades inutiles qui coûtent de l’argent inutilement. Imaginez par exemple que le trésor public loue un appartement modeste à Tokyo pour la secrétaire de l’ambassadeur, prix : 6.400 USD / mois. Je vous laisse imaginer le prix de location du logement de l’ambassadeur, ce ne sont pas des privilèges, mais c’est le tarif local. Du coup, dans le contexte actuel, le président à bien agi pour limiter les dépenses inutiles, du moins pour le moment.

Les nominations de femmes ambassadrices sont aussi un énorme pas un avant, un pas audacieux qui, en faisant fi des préjugés, fait voler les tabous en éclat. Une femme est capable de représenter notre pays tout comme un homme, et même parfois mieux. Le problème n’est pas là, le problème est qu’il faut choisir la femme qu’il faut au poste qu’il faut. J’ai critiqué le choix du président, je me dois donc de lui proposer un autre nom : Fatimata M’Baye.

Longtemps numéro deux de la FIDH, cette avocate connait bien les arcanes de la diplomatie africaine et occidentale. Pour dénoncer les dérives de Ould Taya, elle a arpenté les couloirs des organismes internationaux, de Paris à Genève et de Durban à Maputo, en passant par Bruxelles et Dakar, elle s’est constituée un solide carnet d’adresses qu’elle a mis au service de la destruction du régime de Ould Taya. Elle a fait preuve d’un acharnement terriblement efficace pour pilonner Ould Taya et son système, souvent avec peu (voir pas du tout) de moyens, et elle a souvent obtenu des résultats spectaculaires car, devant sa verve et sa force de conviction, bon nombres de défenseurs d’Ould Taya ont quitté la tribune lors des sommets internationaux, et sont partis à Nouakchott la ‘’queue entre les jambes’’.

Imaginez une seule seconde ce qui arriverait si elle mettai le même acharnement au service de la promotion de la Mauritanie.

Prochain CV : Lematt Mint Ewnène