mardi 12 juin 2007

Incident diplomatique à Bamako

Vendredi dernier, dans le journal télévisé de la TVM, les téléspectateurs ont vu le président mauritanien à Bamako, accompagné par la délégations officielle, en particuliers trois personnes qui étaient assis juste derrière le président, il s’agit de :

- Khatou Mint El Boukhary, première dame,
- Abdelly, confident et amuseur de la première dame,
- Ghallouha Mint El Boukhary, sœur de la première dame.

Les deux derniers étaient placés au même niveau protocolaire que l’épouse du président, c’est à dire avant le reste de la délégation officielle. Si, protocolairement parlant, la présence de la première dame lors des voyages présidentiels est normale, aucune disposition officielle n’existe ni pour la sœur, et encore moins pour le très sulfureux confident. Pourtant, c’est le trésor public qui supporte le coût de ce voyage, y compris les frais de séjour (hôtel, restaurant … ), et les fameux per diem qui sont, de toute évidence, l’objectif de la sœur et du confident.

Même si Abdelly est de la même tribu que le Président de la République, les Ideidba, lui et la sœur n’ont rien à faire sur une tribune officielle, au nom de toute la Mauritanie.

Si Monsieur (ou Madame) Abdelly possède des compétences certaines en matière de calomnie, de diffamation et de proxénétisme, il est indéniable que ses capacités dans le domaine diplomatiques restent sujettes à caution, quand à Madame Ghalouha, son casier judiciaire parle pour elle, souvenez-vous :

Fin 2004, un député du Sultanat d’Oman arrive à Nouakchott et porte plainte contre des mauritaniens, qu’il accuse de lui avoir soutiré frauduleusement une somme de 3 millions de dollars, il s’appelle Abdallah El Bellouchy, chef de la puissante tribu des Belabicha. L’hebdomadaire Al Bayane rapporte que trois mauritaniens lui ont tendu un piège, à l’aide d’une « rabatteuse » dont le député donne le nom au juge : Ghallouha Mint El Boukhary, le député ajoute que lors de l’une de ses nombreuses « visites », Ghalouha est venu avec sa grande sœur, Khattou.

Finalement, faute de preuve contre Khattou, le jute renonce à la poursuivre et se contente de mettre Ghallouha en détention provisoire. Ghallouha reste en prison jusqu’à ce que Khattou réussisse à obtenir sa libération grâce à une intervention de Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna, à l’époque Premier ministre. La personne qui avait convaincu le Premier ministre d’agir n’est autre que … Abdelly !

Sous la pression de la Primature, le juge se contente de condamner les trois mauritaniens, comme le rapporte le quotidien Nouakchott-Info il s’agit de Tolba Ould Mohameden, Adda Ould Dahia et Sidi Mohamed Ould Lenaya, condamnés pour escroquerie, faut et usage de faut, à une peine de trois ans de prison avec sursis et 400.000 UM d'amende.

Ils ont étaient condamné aussi à rembourser la somme de 1.342.000 dollars au député El Bellouchy, ce dernier reste coincé à Nouakchott vu qu’il ne peux pas rentré à Mascate car il dit que des créanciers l’y attendent, finalement l’un de ses cousins (le député est proche cousin de la famille du Sultan Qabus Ibn Saïd) rembourse à sa place, ce qui fait que les trois mauritaniens se retrouvent en liberté et sans créancier après le départ de El Bellouchy.

Ils ont payé seulement 400.000 UM à la justice mauritanienne et se retrouve donc en possession de 3 millions de dollars, enfin, un peu moins car il faut quand même payer la commission de leur « partenaire », Madame Ghallouha Mint El Boukhary.

C’est sans doute pour récompenser Abdelly que la première décision de l’épouse du président, dès son entrée au palais présidentiel, a été de convoqué Abdelly pour lui signifier que les portes de la présidence lui seront toujours ouvertes, de jour et de nuit, à lui et à toute personne qu’il souhaite amener, et qu’il peut considérer la présidence comme sa propre maison, il est devenu une sorte de directeur de cabinet de la présidente.

Le même jour, Abdelly a décidé de faire ce qu’il sait faire le mieux : organisé un mariage.
C’est ainsi que, moins d’une semaine après la passassions de pouvoir entre Ely et Ould Cheikh Abdallahi, les jardins du palais présidentiel ont accueilli tout ce que Nouakchott compte de griot, de proxénète et d’escroc, pour célébrer le mariage de la nièce de la première dame.

Jusqu'à l'année dernière, Ghallouha figurait sur la première page du catalogue de Valé, l'un des nombreux diplomés de l'école supérieur pour le proxénétisme et la calomnie, la vénérable SUPROX, fondée par Abdelly au milieux des années 90 à la demande de Mint Ahmed Tolba.
C’est cette fine fleure de la diplomatie mauritanienne que le Président de la République, Monsieur Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a choisit pour constitur la délégation officielle de son premier déplacement à l’étranger en tant que chef de l’état, ça a donné lieu à des scènes cocasses, par exemple cet échange entre Abdelly et Monsieur Philippe Etienne, directeur de cabinet de Bernard Kouchner.

Durant la rencontre du chef de la diplomatie française avec le président mauritanien à Bamako, les deux délégations (française et mauritanienne) patientaient dans le hall, c’est à ce moment là que Abdelly s’approche de Monsieur Etienne et lui dit :

- Tu connais le champ ?
- Pardon ?
- Le champ Élysé !
- Ah, oui oui, Les Champs Élysée, oui, je connais.
- J’habite là bas, et toi, habiter ou ?
- Dans le 19ème, pas loin du Cours Florent, vous savez, l’école d’art dramatique.
- J’aime pas le 19ème, y’a trop d’arabes et de noirs.

Le diplomate français, choqué, a inventé une excuse pour rejoindre ses amis du Quai d’Orsay, sans doute pour leur raconter l’histoire de ce haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères mauritanien, qui profite de son passage à Bamako pour critiquer la présence de noirs et d’arabes à Paris.