mardi 17 juillet 2007

Le RFD exige la démission du ministre des pêches

Dimanche dernier, le parti Sawab a organisé un débat intitulé « identité nationale : socles et défis », les échanges tournait essentiellement autour de la question des réfugiés. Etaient invités, entre autre :

- Mohamed Yehdih Ould Breidelleil, Sawab
- Jemile Ould Mansour, député de la mouvance islamiste modérée
- El Moudir Ould Bouna, ancient minister de Ould Taya
- Khalil Ould Tayeb, APP (nassériste)
- Ahmed Ould Beyah, écrivain d’obedience bâathiste
- Sadava Ould Cheikh El Houssein, dirigeant du RFD
- Hmah Aallah Ould Salem, professeur à l’université de Nouakchott

Ainsi que d’autres personnalités du monde politique, des médias et de la société civile. Le débat a été largement couvert par les médias arabophone mais, étrangement, aucun média francophone n’en a parlé.

Ouvrant les débat, Mohamed Yehdih Ould Breidelleil, figure historique du nationaliste arabe en Mauritanie (courant baathiste pro Irak) a déclaré que les mauritaniens, ces derniers temps, sont perturbé à cause de l’amalgame entre la notion de citoyenneté et celle d’identité, il s’est demandé ou ira la loyauté des nouveaux arrivant ? à la Mauritanie ou à un autre pays ? ces arrivant sont-ils bien des mauritaniens de souches ?

Il a ajouter que ces question n’ont pas eu jusqu’ici des réponses claires, ce qui inquiète beaucoup de mauritaniens, en demandant aux nouveaux arrivants de prouver qu’ils sont mauritaniens de souche et que leurs loyauté va d’abord à la Mauritanie, avant de conclure en demandant de trancher, une bonne fois pour toute, la question de la langue, estimant qu’il est honteux que l’administration continue à travailler essentiellement en français, langue du colonisateur.

Il a ajouté qu’il est possible d’envisager un certain nombre de concession, par exemple le fait d’enseigner les langues nationales à ceux qui en font la demande, mais que, en contre partie, tous le monde doit respecter l’arabe, langue majoritaire du pays selon lui.

Prenant la parole, l’écrivain bâathiste Ahmed Ould Beyah a dit que l’existence même de la Mauritanie en tant que nation est menacée par trois danger :

- Une immigration galopante, en provenance du sud, qui tend à modifier la structure démographique du pays,
- Une caste francophile qui dirige le pays depuis l’indépendance, et qui offre aide et assistance aux nouveaux arrivant, notamment dans l’administration publique,
- Un parapluie protecteur, dirigé par la France, qui tend à effacer l’identité culturel du pays.

Hmad Allah Ould Salem, professeur à l’université de Nouakchott, a quand à lui mis en garde contre la fin de l’état mauritanien si l’immigration se poursuit, il a ensuite dénoncé le rôle joué par Youssou N’Dour en 1989. Selon lui, lors des évènements d’avril 1989, le célèbre artiste sénégalais aurait incité au lynchage des maures et au pillages de leurs biens. Et Ould Salem d’exprimer son étonnement dû au fait que le même Youssou N’Dour a été accueilli à Nouakchott, au plus haut niveau, il y’a quelques semaines.

D’autres intervenants ont estimés que le pays traverse la période la plus critique de toute son histoire, que sa politique extérieur (mais aussi intérieur) est gérée à partir de Dakar et Ouagadougou.

Intervenant au nom de son parti, le RFD, Sadava Ould Cheikh El Houssein a quand à lui reconnu au Sénégal, au Mali et au Burkina-Faso le droit d’ingérence car, selon lui, du moment que ces pays ont planifié et financé la campagne de l’actuel président, dès lors il est logique que ces pays exigent un retour sur investissement, même si c’est au détriment de la souveraineté nationale de la Mauritanie.

Sadava a ajouter que le premier ministre Zein Ould Zeidane est un déporté même s’il essaie de le faire oublier, car il a été déporté du Sénégal en 1989, et à ce titre il n’a pas le droit d’ignorer le calvaire des mauritaniens qui ont étaient, comme lui, expulsé du Sénégal en 1989.

Sadava a jeté un pavé dans la marre en disant que l’un des membres de l’actuel gouvernement est de nationalité sénégalaise, avant d’ajouter que la crise de la langue arabe n’est pas seulement identitaire mais économique, en disant que 85% des mauritaniens sont incapable d’occuper des emplois décents, car ils ont reçu un enseignement en arabe, alors que le français est exigé pour travailler, selon lui c’est une politique voulu, dans le but de clochardiser les véritables mauritaniens en les empêchant d’avoir des conditions de vies décentes.

Les nasséristes Khalil Ould Tayeb (APP) et El Moudir Ould Bouna (PRDR) ont mollement contredit les affirmations de leurs « frères » bâatistes, quand à Jemil Ould Mansour, il est intervenu juste pour contester le fait que l’islam fasse partie de l’identité arabe.

Pour finir, il convient de noter que le gouvernement de Zein Ould Zeidane compte quatre ministre négro-africains :

- Ministre de l'Intérieur, Yall Zakaria, né en 1951 à Aïoune,
- Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, Corréra Issagha, né en 1942 à Maghama,
- Ministre de l'Artisanat et du Tourisme, Bâ Madine Madiaw, né à Rosso en 1953,
- Ministre des Pêches : Soumaré Alassane, né à Dakar en 1951.

Tous sont de nationalité mauritanienne, par élimination, le seul susceptible de s’attirer le courroux du RFD est Soumaré Alassane, vu son lieu de naissance.

Pour information, Soumaré Alassane est descendant d’une illustre et grande famille du Guidimagha, son frère n’est autre que Soumaré Ousmane qu’on ne présente plus, quand à son père, il est grand chef du village de Ghabou, toujours dans le Guidimagha.

L’accusation est grave car, selon la constitution mauritanienne, tout citoyen mauritanien qui possède un passeport non-mauritanien est automatiquement déchu de sa nationalité, donc selon Sadava la Mauritanie a nommé un sénégalais au poste très stratégique de ministre des pêches.

Quand il a pris la parole lors du débat de Sawab, Sadava ne s’exprimait pas en son nom propre, mais au nom du RFD, le plus grand parti politique du pays en terme de représentation parlementaire, et s’il met en doute la « mauritanité » d’un ministre, c’est qu’il possède des preuves solides pour étayer ce qu’il avance.

Si de telles preuves sont avancées, alors non seulement Soumaré Alassane doit démissionner, mais il doit être expulsé vers le Sénégal, afin de régulariser sa situation administrative, et s’il désire revenir en Mauritanie il pourra toujours se présenter avec des papiers sénégalais, et non un passeport mauritanien qu’il ne mérite pas selon le responsable du RFD.

Par extension, on va appliquer ce raisonnement à tout le monde, il n’y a pas de raison que les victimes soient toujours les mêmes, car d’après sa biographie officielle, Aicha Mint Sidi Bouna, notre ministre de l’environnement, est née en 1975 à … Moscou !

Rappelons que Sadava a intégré le RFD après la chute de Ould Taya, et du temps où il était fervent militant du PRDS, il n’avait pas de telles scrupules, autrement il aurait remarqué que Mint El Welaty et Mohamedou Ould Michel, par exemple, possèdent tous les deux des passeport français, ce qui ne les a pas empêché d’occuper des postes ministériels, et ce qui n’as pas empêché Sadava d’applaudir leurs nominations.

Dernier détails : Sadava est né au Mali.